Success isn’t a race, it’s a rhythm
« Je suis de plus en plus convaincu que le bonheur d’une personne ou, à l’inverse, ses infortunes, son aptitude ou sa difficulté à jouir sereinement des joies que lui offre la vie, dépendent de la nature des liens, crispés ou détendus, qu’entretiennent entre eux ses deux Moi, l’enfantin et l’adulte. »
— Moussa Nabati « Guérir son enfant intérieur: faire la paix avec son passé »
Il a des jours où je me demande si je ne suis pas en train de faire n’importe quoi. Ce matin par exemple, ce que je fais au réveil me surprend. C’est comme si je me regardais de loin aller dans la cuisine, prendre la tasse d’eau qui trône sur le comptoir depuis hier soir, en retirer la pierre que j’y avais déposé la veille, et boire son eau d’une traite. La pierre en question n’est pas un caillou du square Hébert; c’est une Cacoxenite, aussi nommée « La Pierre aux 999 vertus » (je ne voulais pas me louper).
Ce matin, j’ai bu l’eau d’une pierre pour me sentir mieux.
La vache.
Ce qui me surprend à ce moment précis c’est ce désir que j’ai de tester plein de trucs pour « aller mieux ». En Septembre, je me forme aux soins énergétiques Thêta — s’ouvre alors, en grand, la porte de l’énergie, des chakras, du « feeling », de l’intuition et comment se fier à son ressenti au lieu de tout intellectualiser. En novembre je rentre de Bourgogne avec des bâtons de sauge faits-maison que je brûle à la moindre contrariété et pour purifier tout et n’importe quoi (je surenchéri quelques mois plus tard en testant en parallèle les bienfaits du Palo Santo…) En Mars, je me lance dans l’étude de l’acupuncture. Et dernièrement, c’est le pouvoir des minéraux et des cristaux qui m’attire (j’avoue,,, c’était un gros cap). J’ai frôlé de justesse l’étude du magnétisme en achetant un pendule en améthyste, qui a bien détecté que je m’appelle Joti. Ça m’a amplement suffit.
Pourtant dans le fond, je sais bien que ça n’est pas le cristal de roche, la sauge, ou ma prof de Theta qui va faire le travail pour moi.
Je sens que quelque part, je freine un tout petit peu mon « éclosion » parce que dans le fond du fond, je ne crois pas vraiment que « c’est possible ». C’est vers cela que toutes ces techniques, mine de rien, me pointent. Surtout la pratique du Theta qui dernièrement m’a permis de cerner mes blocages inconscients de façon très claire.
En fait, me réveiller tous les jours avec la banane, gérer les conflits avec calme et sérénité, jouir d’une bonne situation financière et d’une confiance inébranlable, avoir une pratique disciplinée et un entourage qui m’y encourage… Bref, être totalement, entièrement heureuse, je n’y crois qu’à moitié, en vrai.
La vache.
J’aurai tergiversé en trempant dans tout un attirail de techniques à la recherche d’un sentiment de bien-être qui ne saurait éclore que dans le fond de moi-même. Certes, la sauge purifie, les cristaux protègent, le yoga détend (entre autres)… Mais ce sont des outils qui racontent tous la même histoire: « tout est en toi ».
Une petite lecture rapide: Légende Hindoue
A chacun son rythme… Souhaiter que quelque chose advienne (la gloire, l’argent, l’amour, la famille, la posture sur la tête, la joie…) en se tapotant le visage avec l’EFT ne suffit malheureusement pas. Il faut creuser pour comprendre ce qui freine la manifestation de nos rêves et désirs de vie. Il arrive, comme clairement pour moi, que malgré les grandes enjambées parcourues au fil du temps, la solution tarde à arriver.
Il s’agit de changer d’angle.
Au lieu de penser « Mais pourquoi les merdes n’arrivent qu’à moi? », et du coup se sentir continuellement mal…
Il faut penser « Qu’est-ce qui, en moi, attire ce genre de situation? Qu’est-ce qui, en moi a besoin de mon attention? » ce qui ouvre une porte vers quelque chose de fascinant.
Penser positivement sans affronter les schémas inconscients qui nous empêchent d’être totalement heureux est une erreur monumentale. Il est primordial de se mettre face à sa merde. Et dernièrement, c’est l’enfant intérieur qui, pour ma part, semble avoir beaucoup de choses à me dire. Comble de l’histoire: j’écris cet article depuis 3 semaines, et en astrologie, nous sommes dans un moment d’introspection et de nettoyage de blessures anciennes très important qui passe par l’écoute de l’enfant intérieur…
« (…) la compréhension de ce qui se tresse et se joue entre l’adulte et son enfant intérieur, éclairé par le passé familial, comporte des vertus bénéfiques et libératrices. Elle contribue, en premier lieu, à apaiser le sujet en l’aidant à réaliser que sa souffrance n’est point consécutive à un manque réel dans l’Ici et Maintenant, réparable concrètement, mais qu’elle constitue l’expression des craintes de son enfant intérieur, et qu’elle est donc porteuse de sens. » **
Si vous avez fait l’expérience de la thérapie, vous savez d’emblée que tout, ou presque, se rapporte à l’enfance. C’est d’ailleurs assez troublant, plus j’avance dans ce parcours de « bien-être », de me rendre compte qu’on a tendance à se plaindre d’une situation actuelle et, souvent sans nous en rendre compte, à la lier à un évènement de notre passé, où nos parents et notre entourage ont joué un rôle. Nos réactions les plus honteuses (qu’elles soient vives: pétage de câble, ou passives: on s’efface sans faire face aux problèmes) sont souvent d’ordre « immature », donc en lien avec la partie de nous qui est encore, et qui restera toujours enfant; et souvent cet enfant souffre de quelque chose qu’il faut savoir gérer en tant qu’adulte. Schizophrénie bonjour.
Dans nos moments d’introspection, nous avons souvent tendance à croire que l’inconfort ou la douleur émotionnelle que nous ressentons est liée à un évènement récent, alors qu’elle existe généralement du fait d’avoir été déclenchée par un évènement du passé (souvent oublié…) Cette douleur renfermée crée de la résistance qui nous empêche d’attirer ce que l’on veut, et qui ne nous permet pas de vivre en paix avec nous-même. Elle essaie en fait d’attirer notre attention…
« Nul n’aspire de façon délibérée à souffrir ni ne le choisit. Nul ne peut décider non plus de rectifier ses travers par des résolutions, si volontaires soient-elles, sans l’acquiescement préalable de l’enfant intérieur. »**
Comme mon métier est aussi un terrain d’experimentations personnelles, je cherche à me re-connecter à moi-même et à régler mes blocages à moi; ce que j’apprend, ce qui marche, ce qui m’aide à aller de l’avant, je l’incorpore à mon enseignement. J’ai compris, non sans grosses erreurs de ma part, que ma façon de rejeter certaines choses plus jeune (les cristaux? Pfff! Bêtise! Le yoga? Pour les babos! L’énergie? Prouve-le!), était une réaction, une défense, un refus d’aller voir ce qui se passait en moi. J’ai fais ça longtemps. Jusqu’au jour où ça m’est devenu insoutenable.
Depuis, je cherche sans prétendre avoir la solution miracle; il m’arrive d’ailleurs souvent, comme ce matin en buvant l’eau de la pierre aux 999 vertus, de perdre momentanément pied.
Il n’y a malheureusement pas de formule magique. Même si on peut être tenté par les tracts plein de fautes qui apparaissent souvent dans nos boîtes aux lettres et qui promettent de « détruire la malchance qui vous poursuit ».
Parce que le fait de se mettre face à soi-même et de décortiquer ce qui nous blesse, ce qui fait qu’on se ferme à certaines choses, ou qu’on s’ouvre parfois aveuglement à d’autres, met du temps; surtout si l’on doit retourner à la source, à l’enfance, ce qui peut être très douloureux. Nos parents ont été nos modèles dès la naissance, et jusqu’à l’âge de 6 ans, nous avons façonné notre inconscient en rapport à ce que nous cherchions à protéger: nous et eux (et ce parfois malgré leurs comportements). C’est un face à face intime qui n’a de sens, et de rythme que pour nous.
« L’homme du commun pense masquer ce qu’il est pas son paraître, par ses possessions matérielles ou son érudition, sa personnalité bien policée. L’Etre réalisé se dévoile tel qu’il est en profondeur par son regard limpide. Il nous ouvre son coeur et son âme. Bien sûr, ces regards sont rares mais ils nous rappellent le potentiel caché dans l’humain. Ils sont le témoignage de ce que l’homme devient lorsque ses prétentions tombent. » — Bruno Repetto « Bienheureuse Maladie: comment dénouer les mémoires émotionnelles »
A chacun son rythme, donc, c’est déjà arrêter de faire semblant, s’avouer que quelque chose cloche et que l’on ne souhaite pas vivre sa vie pour faire plaisir aux autres ou en camouflant qui nous sommes vraiment.
A chacun son rythme, c’est déjà remodeler sa concentration; la placer au dedans et se focaliser sur ce qui, parfois depuis très longtemps, cherche notre attention par le biais de comportements, de maladies, de peurs, de remords, de sentiments lourds — accepter que c’est là— tout en réalisant que la vie n’est pas faite pour se prendre le chou — entamer le processus de guérison, puis de digestion, et enfin… maintenir cet équilibre dans le moment présent.
Tout ce que je peux vous conseiller, c’est de trouver votre rythme à vous, sans hâte, en lâchant (… progressivement) les croyances qui vous coincent dans le désir de tout avoir instantanément. En Yoga par exemple, accepter que votre corps n’est peut-être pas prêt à faire telle ou telle posture. L’écouter vous dire pourquoi (si, si), et trouver votre cheminement à vous. Le fait de penser, d’intellectualiser, d’analyser comment vous allez bien pouvoir mettre votre jambe derrière votre tête, n’est que cause perdue. Parce que vous savez quoi? Une fois que vous saurez vous gratter l’arrière de l’oreille avec le gros orteil, vous n’aurez pas pour autant trouvé votre clé du bonheur…
Les cristaux peuvent aider à re calibrer notre énergie, à nous protéger; la sauge à nous purifier; le Theta à mettre en lumière ce qui coince, et à harmoniser nos énergies; l’acupuncture à débloquer ou a tonifier le Chi; l’astrologie à comprendre comment certaines configurations planétaires nous influencent; le Yi-Jing à faire parler notre inconscient; le Yoga à nous connecter à notre Nature Propre.
Il en reste que ce ne sont que des outils. Ils ne nous sauveront pas la vie. Ils pourront éclaircir notre intérieur, et nous aider à y voir plus clair en nous. Comme des torches qui pointent vers un même endroit. Sauf que nous, on adore se laisser distraire.
Alors peut-être que je me fais peur à moi-même en buvant l’eau d’une pierre aux 999 vertus. Peut-être que je m’affiche complètement quand j’allume du Palo Santo à la fin de mes cours pour purifier l’espace. Peut-être que le quartz rose que je garde toujours en poche me donne l’illusion que je vais bien. Peut-être. Il en reste que tous ces outils m’aident, progressivement, à décortiquer les multiples couches de ma personnalité, et me réconfortent dans ce parcours que j’ai choisi de suivre. Je l’honore chaque jour en persévérant; même dans mes moments de sombre.
Il y a plusieurs années, lors de mes études de cinéma aux Etats-Unis, je me suis retrouvée à devoir suivre un cours d’arts dramatiques (horreur!). Le professeur nous a demandé de nous mettre seul(e) face au reste de la classe, d’imaginer notre enfant intérieur assis sur une chaise et de lui parler. Chose étrange, on y est tous passé, et on a tous fini en larmes (même le footballeur américain d’1m95 qui ne laissait jamais transparaître la moindre émotion a quitté la salle en sanglotant après avoir communiqué à son enfant qu’il valait la peine d’être aimé.)
L’exercice consiste donc à faire pareil, mais en méditation. Vous serez surpris. Note: faites confiance à votre intuition (ce n’est pas un don réservé aux médiums; c’est un don que nous avons tous en nous, mais que nous recouvrons souvent par le mental). Il est possible que vous ne puissiez pas faire toutes les étapes ci-dessous. Encore une fois, vous saurez où vous devez vous arrêter. Si une émotion est trop intense, faites au mieux pour vous laisser traverser.
1. Asseyez-vous confortablement, et fermez les yeux
2. Prenez le temps de ralentir et d’approfondir votre respiration (prenez entre 5 et 10 longues inspirations et expirations), en vous disant consciemment que vous vous intériorisez. Lâchez l’intellect, la liste de courses à faire, les coups de fil à passer etc… Chaque inspiration vous permet d’inviter le calme, chaque expiration d’évacuer le stress.
3. Une fois tranquille et posé, visualisez votre enfant intérieur. Faites confiance à la première image qui vous vient. N’allez pas « chercher ». Vous verrez que vous apparaitrez à un âge phare de votre développement.
4. Prenez le temps d’observer votre enfant, en permettant aux emotions d’apparaître sans jugement (elles peuvent être positives ou négatives)
5. Demandez à votre enfant comment il/elle se sent, si il/elle a quelque chose à vous raconter, puis écoutez sa réponse.
6. Entamez un dialogue, comme vous le feriez avec n’importe quel enfant, calmement et en évitant de vous dire qu’il/elle est « trop jeune » pour comprendre telle ou telle chose (jugement).
7. Vous pouvez aussi lui parler, le ou la rassurer, lui raconter ce que cet enfant va faire plus tard (c’est facile, c’est vous maintenant). Vous pouvez emmener votre enfant intérieur visiter votre appartement, lui montrer où vous travaillez etc…
8. Avant de terminer, faites lui un câlin, remerciez le/la. Et rappelez lui que vous êtes toujours là.
Alors, peut-être que c’est bizarre à faire, peut-être qu’on se sent fou/folle de se parler à soi-même petit(e), qu’on se dit qu’on s’invente des histoires pour combler un vide. Mais faites-le test. Vous serez surpris de voir que cette mise en résonance avec vous-même est l’endroit où tout aura un sens. Pour vous.
** citées du livre « Guérir son enfant intérieur: faire la paix avec son passé » de Moussa Nabati. Le plus drôle dans tout ça, c’est que j’ai le bouquin depuis 5 ans, devant mon nez juste au dessus de mon bureau. Que c’est même moi qui l’ai acheté et même recommandé autour de moi. Je ne le lis entièrement que récemment. Je ne l’accueille que maintenant…